Séries Gores
Hollywood vient de perdre une de ces plus belles plumes noires. Joe Gores est décédé à l’age de 79 ans.
Cet ancien détective reconverti en écrivain fut maintes fois récompenser pour ces ouvrages dans la plus grande tradition du film noir.
Son livre Spade & Archer est une préquelle hommage au Faucon Maltais
Il fut aussi un scénariste pour diverses séries télé (Kojak, Magnum, Remington steel,…)
Son livre Hammet fut adapté au cinéma par Wim Wenders en petite partie.
Suite à une incompatibilité d’humeur entre le réalisateur et Coppola, producteur du film, Wenders claqua la porte des studios Zoetrope.
Coppola retourna en grande partie le film mais laissa le nom de Wenders au générique.
Pic-Sons : Un guide DVD et CD Jeune public
Pic-Sons est une publication de La Médiathèque qui propose aux parents, mais aussi aux professionnels de l’Enfance (animateurs d’ateliers, enseignants, éducateurs, psychologues) des films et des musiques qui peuvent s’intégrer dans des activités pour enfants.
Son objectif est d’attirer tout particulièrement l’attention sur certaines réalisations que les médiathécaires considèrent comme de belles réussites.
Cette année, Pic-Sons fait la part belle au cinéma d’animation d’ici et d’ailleurs en proposant trois dossiers conséquents sur la matière : « L’animation au pays du soleil levant », « L’animation française » et « Poupées, marionnettes et autres figurines animées ». Ceci dit, la chanson Jeune Public n’est pas en reste avec un dossier qui met en avant les excellentes collections Tintamarre et Toto ou tartare. Enfin, dans un dossier nommé « Fourbi », Pic-Sons présente des contes lus, des médias pédagogiques et d’autres films d’animation qu’il faut découvrir sans tarder.
Par l’intermédiaire de ce guide, La Médiathèque propose ainsi des plongées dans des histoires sur CD et DVD véhiculant des imaginaires riches et instructifs qui nous emmènent à la rencontre d’autres cultures.
Pour choisir les CD et DVD qui figurent dans Pic-Sons, ont été pris en compte la démarche de leurs confectionneurs (réalisateurs, auteurs, compositeurs, pédagogues), la richesse du contenu (textes, musiques, images et sons), la maîtrise des techniques utilisées, la justesse des interprétations des acteurs, raconteurs et chanteurs, la qualité des montages (bande-son et images), et l’intérêt des éventuels compléments d’utilisation.
Prix de vente : 3 euros
Disponible dans toutes les médiathèques
Plus d’infos sur http://www.lamediatheque.be/enf/picsons/index.php
Les vidéos Vodpod ne sont plus disponibles.
Columbo perd sa voix
Serge Sauvion est décédé le 13 février 2010.
Le nom de ce comédien, issu du Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris, vous vous dira certainement rien, ni même son visage mais sa voix oui. Il fut le doubleur attitré de Peter Falk dans la série Columbo, il prêta aussi sa voix
à Jack Nicholson, Richard Burton, Montgomery Clift, Marcello Mastroianni, Mickey Rourke, Charles Bronson, Burt Reynolds, Sidney Poitier et même Jules César dans plusieurs dessins animés d’Asterix.
Au cinéma il était cantonné à des petits rôles (le Pacha, Franz, ne nous fachons pas,…).
On peut même entendre sa voix dans une chanson de Bernard Lavilliers : Citizen Kane.
London river
Juillet 2005, un attentat terroriste frappe Londres. Cinquante-sept personnes sont tuées par la terreur aveugle. Elisabeth, qui vit à Guernesey, apprend la nouvelle et essaie en vain de joindre sa fille, étudiante dans la capitale. Déchirée entre l’espoir et l’angoisse, elle se rend à Londres où elle croise le chemin d’Ousmane, qui lui aussi tente de retrouver son fils dont il n’a pas de nouvelle…
Au départ London river est un téléfilm commandé à Rachid Bouchareb par Arte.
La bonne réputation de ce film lui valut une nomination au festival de Berlin ou Sotigui Kouyate (acteur fétiche de Peter Brook ) obtenu le prix d’interprétation masculine.
La force du film est de nous faire partager le destin de deux personnes déracinées, des exilés de la vi(ll)e; Celui d’Elizabeth
(Brenda Blethyn) qui quitte son existence paisible à Guernesey et celui d’Ousmane, un garde-forestier Malien qui travaille en France.
Elles vont jouer au chat et à la souris, subissant la loi des attractions; d’abord le rejet de l’autre, la peur de l’inconnu, pour enfin comprendre que l’un est « utile » à l’autre. Ces 2 destins vont se croiser et rentrer en collision dans l’angoisse de l’attente et l’expectative de nouvelles de leurs enfants.
Cette recherche personnelle se transformera en une recherche communautaire.
Même si ce (télé)film devient par moment fort prévisible, il en reste quand même un bon moment grâce à l’interprétation aérienne des acteurs.
Aubervilliers
Aubervilliers, 1945. La municipalité communiste au pouvoir commande un film à Eli Lotar (qui a travaillé avec Luis Bunuel et Jean Painlevé) et Jacques Prévert. Le but de ce film de propagande était de montrer l’état dans lequel l’ancienne municipalité a laissé la cité : un îlot insalubre, une ville épave, en ruine au sens propre comme au figuré, où l’espoir a fait place à la fatalité. « Les gentils enfants d’Aubervilliers qui plongent la tête la première dans les eaux grasses de la misère où flottent les vieux morceaux de liège avec les pauvres vieux chats crevés » comme le chante Germaine Monteiro sur une musique de Joseph Kosma.
Et pourtant ce film ne vire pas au pathétique , grâce à la magie visuelle de Lotar et au texte poétique de Prévert. Le ton est juste. Tellement juste que les images furent jugées trop nocives pour le nombreux public des week-ends. Le film fut retiré de la programmation le samedi et le dimanche, jour d’affluence familiale par excellence.
Ce fabuleux documentaire se termine par ces paroles « ce monde qui doit absolument changer et qui finira bien par changer ».
Aubervilliers, 2005. Après les incendies de plusieurs « appartements » (on devrait plutôt parler d’abri de fortune pour désigner un endroit où s’entassent des familles sans eau ni électricité), on reparle d’Aubervilliers et une fois de plus c’est le même constat malgré qu’un demi-siècle se soit écoulé. La seule différence, l’apparition de la couleur. Cela rend peut-être la vie moins noire. Mais qui se soucie de ces laissés-pour-compte de la société dite moderne ? Certainement pas Luc Besson occupé à tourner un film publicitaire ventant les mérites de la ville de Paris, candidate aux Jeux olympiques. Il ne reste que les journalistes en manque de sensationnel. Et maintenant, on montre les images le samedi et le dimanche en vitesse, sans s’attarder sur les personnes qui y vivent, sans même savoir ce qu’elles font, on nous les montre juste pour combler une minute entre la montée du pétrole et le sport, et demain on aura tout oublié. On nous montre la misère comme un nid de poule sur la route du progrès, ça gâche le paysage, mais il suffit seulement de s’en écarter pour éviter son contact et le lendemain on n’y pense même plus. Alors que le document Aubervilliers, lui, traverse les temps. On aurait voulu qu’il soit une œuvre majeure du documentaire de propagande et pas un triste rappel de la réalité ambiante.
Aubervilliers se trouve sur le troisième DVD de « Mon frère Jacques par Pierre Prévert « .DORIANE FILMS
Thierry Moutoy
Paradise lost
1996. Dans une petite bourgade paisible de l’Arkansas, un triple meurtre a été commis, les corps sans vie de trois jeunes garçons de huit ans ont été retrouvés mutilés, battus à mort. Tout de suite, la police pense à un rite satanique (alors qu’aucune preuve tangible ne le prouve). Trois adolescents aux mœurs peu ordinaires sont accusés. En effet tout est contre eux, et surtout contre Damien. Ce dernier est toujours vêtu de noir, écoute le groupe de hard-rock Metallica et, cerise sur le gâteau, il s’intéresse à l’occultisme. Il a tous les attributs pour tenir le rôle du méchant de service.
Après un interrogatoire de plus de trois heures (dont seulement trois quarts d’heure seront enregistrés par la police), un des trois jeunes suspects (avec un Q.I de 72) avoue avoir donné un coup de main et accuse ses deux amis d’avoir commis ce crime sordide.
Sont-ils réellement coupables ou bien sont-ils victimes de circonstances dans cette chasse aux sorcières ? La police ne va-t-elle pas vite en besogne pour trouver des prétendus coupables dans le seul but de faire taire les rumeurs d’incompétence qui pèsent sur eux suite à la disparition de plusieurs preuves importantes ?
Les deux réalisateurs de ce documentaire, Joe Berlinger et Bruce Sinofsky, vont suivre l’affaire de près à travers l’interview des parents des victimes, des accusés et de leur famille.
Ils sont aussi autorisés à filmer les audiences du procès jusqu’au verdict final. C’est là que se termine la première partie du documentaire.
Suite à la diffusion de ce documentaire sur la chaîne de télévision américaine HBO, un groupe de soutien vient au secours des trois suspects de West Memphis. Là commence la deuxième partie du documentaire tournée quatre ans après le premier volet. Mais cette fois-ci, l’équipe du tournage est persona non grata au sein du tribunal (certainement à cause de l’impact qu’a eu le premier film sur l’opinion publique).
Mais les faits majeurs ne vont pas se passer dans le tribunal mais en dehors où l’on assiste à un revirement de situation. En effet, le beau-père d’une des jeunes victimes est soupçonné à son tour d’avoir commis l’acte barbare, vu son comportement et ses mœurs plus que suspectes (schizophrène, kleptomane, mythomane et peut-être l’auteur de l’assassinat de sa femme). Quant à l ’avocat (bénévole) de la défense, il fait appel à un spécialiste du profilage de meurtrier qui lui va trouver des preuves qui pourraient innocenter les présumés coupables (ce dont la police locale fut incapable).
Ce document percutant ne laisse pas de marbre.
Il nous montre le fonctionnement et surtout le dysfonctionnement de la justice et la violation flagrante de l’article 11 des droits de l’homme (« Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. »).
Il nous démontre que les a priori et les jugements à l’emporte-pièce vont bon train dans une population vindicative qui aura vite fait de trouver son mouton noir et de le mettre sur le ban des accusés sans autre forme de procès que la suspicion.
Après ce film, Joe Berlinger tournera le documentaire Metallica, Some Kind of Monster (toujours en collaboration avec Bruce Sinofsky) puis le film Blair Witch-2 : le livre des ombres .
VO AN st.FR. Durée :280′.
WARP, 1996-2000.
TI5301
Mary et Max : Adam ELLIOT
Il est bien loin le temps où le cinéma d’animation était destiné uniquement à nos chères petites têtes blondes. Depuis quelques années, en effet, les réalisateurs essaient de toucher un public de plus en plus large à un point tel que ce sont maintenant les parents qui demandent à leurs enfants de les accompagner au cinéma voir le dernier Pixar. Si la plupart des productions actuelles s’adressent à une large audience, ce Mary et Max. est à réserver au minimum à de jeunes adolescents.
Cette petite merveille d’animation en stop motion met en scène deux correspondants singuliers (Mary, une jeune australienne grassouillette et mal dans sa peau et Max, Juif new-yorkais de 44 ans obèse et complètement angoissé) qui, tout au long de leur échange épistolaire, vont partager leurs malheurs et leur solitude.
Mary et Max. n’a donc rien d’un conte de fées et si l’humour noir qui traverse le film amène une touche de légèreté bienvenue, l’ensemble donne plutôt dans la psychanalyse sociale et contemporaine des plus amères.
Si les petites merveilles des studios Aardman étalent leurs couleurs chatoyantes, ici tout est gris et terne, transpire l’inconfort et le mal de vivre. Et si la réalisation est de grande qualité, elle ne fait jamais étalage de ses prouesses, dirigeant même ses personnages en pâte à modeler avec une lenteur inhabituelle. Celle-ci ne rend pas l’histoire arythmique, au contraire elle donne une impression quasi physique que le temps – inexorablement – s’écoule.
Partiellement autobiographique, Mary et Max. avec ses personnages complètement barrés, sa narration audacieuse et sa mise en scène impeccable laisse présager un futur prometteur aux artisans de l’animation.
Adam ELLIOT : « Mary et Max. »
(Australie, 2009)
DVD et Blu ray VM2346
Femmes femmes : Paul VECCHIALI
Dévisagé par les regards inquisiteurs ou langoureux des Dietrich, Garbo et autres Morgan épinglés sur les murs d’un appartement parisien, le spectateur s’invite au beau milieu d’une tragi-comédie à laquelle se livrent deux femmes d’âge mûr.
Hélène Surgère et Sonia Saviange étalent leurs manières autant que leur déchéance, discutaillent durant de longs plans-séquences entre deux chansons ou deux coupes de champagne. Si l’une se veut plutôt lucide sur leur sort, l’autre maintient un semblant d’espoir et d’illusions. Le tragique s’oppose au comique comme l’appartement lui-même se veut partagé entre l’ombre et la lumière (sous l’œillade funeste du cimetière Montparnasse). Sans aucune amertume ni cruauté, ces carrière ratées n’étalent aucun pathos induit par un quelconque passéisme plombant. Vecchiali aime trop ses actrices pour les accabler ou les noyer sous de chaudes larmes. Point de chant du cygne donc, mais plutôt un cri du cœur empli d’empathie et d’amour.
Véritable film dans le film, Femmes femmes relève de multiples genres tout en aspirant le spectateur dans sa propre dimension à la fois infinie et utopique.
Ni militant (le film se veut implicitement associable) ni commercial, ce troisième long métrage de Paul Vecchali garde en lui cette intemporalité dont peuvent s’enorgueillir les plus grands chefs-d’œuvre.
Lors de sa projection au Festival de Venise en 1974, Pier Paolo Pasolini tombera sous le charme du film et de ses deux actrices. Il les embauchera d’ailleurs pour tourner dans son célèbre Salo ou les 120 journées de Sodome où elles rejoueront une scène de Femmes femmes. Reconnaissant par ailleurs le savoir-faire de Vecchiali, le cinéaste transalpin lui proposera même de co-réaliser un film ensemble. Ce projet ne se fera hélas jamais, Pasolini décédant tragiquement quelques années plus tard.
Si les réalisations suivantes de Vecchiali varieront en qualité, elles seront toujours marquées par les mêmes préoccupations formelles (importance de l’espace) et subjectives (les passions, la sexualité,…) qui ont érigé ce film au rang des chefs-d’œuvre.
Paul VECCHIALI : « Femmes femmes »
(France, 1974)
VF0446
Michaël Avenia
Boy A
Jack sort de prison alors qu’il y a passé toute son adolescence. Enfant, il a tué une jeune fille; un fait divers tragique qui a marqué l’Angleterre. Une chance s’offre à lui, celle d’un nouveau départ, celle d’une nouvelle vie. Mais il doit changer de nom et se créer un passé « respectable ». Un assistant social l’accompagne, Terry. Il lui trouve une maison, un travail. Mais Jack a l’impression de tricher, de mentir car il ne peut révéler à ses collègues ou amis, et à la fille dont il tombe amoureux, la vraie nature de son passé…
Librement inspiré d’un fait divers tragique, Boy A aborde le thème très difficile de la rédemption, le pardon des autres mais aussi à soi-même, sans tomber dans le pathologique et dans le bon sentiment à deux sous.
John Crowley aborde aussi un autre thème casse-gueule, celui de l’environnement familial et de son influence sur le comportement.
Ce film est une réussite tant au point de vue visuel, narratif et émotionnel.
BOY A
John CROWLEY
VO AN st.FR. Durée :100′.
HOME SCREEN, 2007, Grande-Bretagne.
Thierry Moutoy